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Il y a cinquante ans... "Love Me Do"

Il y a cinquante ans... "Love Me Do"

Avant-croco :

Et bien voilà, nous y sommes. Chiffre rond et commémorations à la con. Certains disent que je vis dans le passé, c'est faux ! Je suis un obsédé du futur. Dans les deux cas, je sais, c'est le présent qui trinque. Plus que tout, je n'attends pas les chiffres ronds pour me souvenir.

Cette année 2012 correspond au cinquantième anniversaire du début de la carrière discographique de plusieurs groupes de rock emblématiques des années soixante (les Beach Boys et les Rolling Stones entre autres). Alors comme cela concerne aussi les Beatles, je ne peux que prendre la balle au bond. Estimez-vous heureux ! J'avais au départ une large ambition : faire un compte-rendu quasiment quotidien de ce qu'il s'était passé dans la vie de George, John, Paul & Ringo entre 1960 (de 2010...) et 1970 (... à 2020).

Je vous propose plus simplement la chose suivante : ponctuer nos vies connectées des années 2010 d'un article à chaque cinquantenaire d'une sortie discographique des quatre glaçons dans le flan. Je me contenterai de présenter uniquement les albums (et certains 45 tours comme celui d'aujourd'hui). Si tout se passe bien cela nous mènera au mois de mai 2020 ! Ce blog existera-t-il toujours dans sept ans ?

Ces articles un peu à part seront tous titrés sur le modèle de celui-ci : Il y a cinquante ans... suivi du nom du disque. On devrait ainsi pouvoir les retrouver plus facilement en cas de recherche. 

 

 

 

 

 

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Nous sommes le 5 octobre 1962 et ce jour-là sort le deuxième 45 tours des Beatles : "Love Me Do".

Pourquoi ne pas avoir parlé de leur premier 45 tours ? Car ils y accompagnaient le chanteur anglais Tony Sheridan et que je n'évoquerai ici que le canon des chansons des Beatles, celles publiées sur le label Parlophone (puis Apple). De plus, ce sera "Love Me Do" qui lancera véritablement la carrière du groupe.

La veille, le 4 octobre 1962, une critique du disque paraissait dans le magazine spécialisé Record Retailer. On pouvait y lire en substance et en style télégraphique (!) ceci : "Nouveau groupe de la région de Liverpool. Leur premier disque mais ont déjà importante popularité. Ce disque est sûrement le plus fort des nouvelles sorties de cette semaine".

Le groupe n'était pas si nouveau. Ils dorment, mangent, pètent et baisent en petit comité depuis plus de cinq ans pour trois d'entre eux. On le verra, leur carrière discographique ne durera que sept ans. Sept années folles pendant lesquelles ils enchaîneront tournées monstres, quatre ou cinq films et la publication d'environ deux albums par an auquels il faut ajouter une foultitude de chansons sorties simultanément et qui feront justement l'objet d'un article ici.

 

Mais revenons à ce mois d'octobre 1962. Le manager du groupe, Brian Epstein, a enfin pu garantir un enregistrement à ses boys. Brian doit encore cacher son homosexualité : en 1962 il risque tout simplement... d'aller en prison ! Six semaines plus tôt John Lennon a du épouser sa petite copine qui était tombée enceinte... pour faire les choses correctement ! La crise des missiles de Cuba surgissait, un mortel jeu d'échecs allait se jouer avec des armes nucléaires pendant la guerre froide.

Soudain, un harmonica plaintif couine comme un vieux chien. Lennon avait adoré le son de Delbert McClinton sur l'entêtant "Hey! Baby" de Bruce Channel sorti en décembre 1961. Il a bien retenu la leçon puisqu'il viendra poser ce même son pour ponctuer le titre principalement composé par Paul McCartney. Lennon y contribue tout de même avec l'ajout d'un pont ("Someone to love, Somebody new. Someone to love, Someone like you.". Il ne s'agit pas encore de grande musique et encore moins de paroles à tomber par terre. "Love Me Do" est pour beaucoup le titre qui commence la compilation la plus connue du groupe et quelques secondes après chaque écoute, il prend un coup de vieux cruel mais inévitable. Quelques semaines plus tard, le prochain 45 tours du groupe viendra d'ailleurs le prouver. Une constante chez eux : chaque album, chaque chanson ne doit pas ressembler au titre précédent. À ce petit jeu, ils feront des bonds de géant.

Mais pour l'heure, c'est une petite révolution qui se prépare. J'en conviens, on a du mal à s'en rendre compte aujourd'hui ! Mais un groupe de jeunots (George Harrison a encore dix-neuf ans) qui débarquent du nord avec leur accent à couper aux couteau et qui publient LEUR composition... c'est du jamais vu. La batterie nonchalante et appliquée marque déjà ce rythme bien particulier né dans le nord-ouest du pays : le fameux Mersey Beat. John Lennon est encore le chef et il sait le montrer : c'est lui qui chante. C'est lui qui chante sauf qu'au moment du refrain il ne peut pas chanter et attaquer simultanément son riff d'harmonica. Le producteur (George Martin, qui produira presque tous les enregistrements du groupe) demande à McCartney de chanter la ligne "Love me do" pour que sur le "doohoo" Lennon puisse envoyer la sauce : zoooiiiingwangwangwang.

Paul McCartney raconte : "encore aujourd'hui, quand j'entends cette chanson, je ne peux m'empêcher d'entendre le gamin de vingt ans, impressionné et chevrotant : "Lo-o-o-ve me-e, d-o-o-o-o-o".". Il flippait sa mère qu'il avait pourtant perdu à l'âge de quatorze ans.

 

Enfin voilà, c'est dans la boîte. "Love Me Do" des Beatles est donc sorti ce 5 octobre 1962. Il y a cinquante ans aujourd'hui. Pour le grand public, ce groupe inconnu commençait alors un voyage qui allait se transformer, par étapes, en véritable tourbillon autour du monde. Moins de sept jours plus tard, le disque entrait dans les classements du hit-parade anglais pour aller ensuite s'y jucher à la 17ème place. Le disque restera classé 18 semaines.

Cinquante ans après, je l'ai déjà dit, cette chanson me parait un brin désuète. En tout cas ce n'est pas un titre qui me fait vibrer. Je dois quand même avouer qu'enfoui sous des couches de musiques électroniques, de rock gueulard et le plus bon des ska que je vénère tour à tour, je ressens à son écoute une pointe d'émotion pour ces gamins du nord qui débarquaient à Londres. Et puis le parallèle est touchant entre ce premier mot prononcé, "love" (amour adolescent et donc niais), qui fait comme écho à cet autre "love" (celui de l'amour universel) qui viendra conclure la carrière du groupe sept ans plus tard ("the love you take is equal to the love you make"). Ceci dit, la face B du 45 tours, "PS I Love You" a une particularité : c'est LE titre du groupe qui me fait gerber et que je conchie. Quand on aime... 

 

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Je suis gentil, je vous mets une photo de la Face B quand même !

 

 

C'est la fin de ce premier article consacré à la discographie des Beatles.

Rendez-vous dans quelques semaines, en janvier 2013 pour les cinquante ans du deuxième 45 tours publié par le groupe chez Parlophone. Ce disque se classera numéro un et balancera sérieusement la sauce mais... c'est une autre histoire.