Ce matin j’ai bien cru que c’était le printemps.
Je savais que ce n’était pas vrai.
Mais je voulais jouer.
Vu que le temps se met à tricher,
J’ai voulu jouer.
Le ciel est bleu.
Les oiseaux chantent.
Ils chantaient déjà en janvier,
Les pattes posées sur les branches glacées.
Vu que le temps se met à tricher,
J’ai voulu jouer.
Jerry Lee Lewis martyrisait
Ses touches d’ivoire.
Lui y était déjà au printemps.
Mille neuf cent soixante-quatre.
Vu que le temps se met à tricher,
J’ai voulu jouer.
“Live at the Star Club, Hamburg”
Dans les écoutilles.
Le pas pressé du chercheur de soleil.
De la lumière d’avril en février.
Vu que le temps se met à tricher,
J’ai voulu jouer.
Demain c’est décidé,
Je viens bosser à poil.
Mon chef pourra me dire :
« Que c’est gentil d’être velu ! ».
Tous à poil, tous à poil… Ouais, ouais !
Vous l'aurez compris, ce printemps d'un jour m'a donné envie de gueuler dans les tympans de certains esprits malsains.
Pour Marc Daniau, l'illustrateur qui a co-écrit ce livre avec sa compagne Claire Franek, il s'agissait pour eux de poser un autre regard sur le corps et la nudité. Il s'en explique au Figaro: «Nous avons quatre enfants et nous nous sommes interrogés sur cette question. Les enfants sont environnés d'images de corps plus ou moins dévêtus, dans la publicité, sur les abribus, sur les couvertures de journaux people. Ces images sont souvent trafiquées, tronquées, modifiées par la chirurgie esthétique ou par Photoshop. Nous avons voulu leur proposer un regard plus juste sur le corps. Nous montrons des personnes issues de leur entourage ou de leur imaginaire. Et surtout nous le faisons avec humour. Nous dédramatisons!»