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Good evening Williams !

Good evening Williams !

Et voilà, je reprends la ronde macabre de mes nécrologies. Mais vous le savez bien, vous qui me lisez : ce sont avant tout des coups de cœur, des petits hommages. Mais c'est aussi la joie (autant que cela puisse être !) d'évoquer le souvenir d'une vie riche et de partage.

Aujourd'hui, hommage, il y a forcément puisque je tape ces mots à poil devant mon ordinateur à 5h30 du matin. Mais joie, non. Douleur plutôt.

Good evening Williams !

Robin Williams est mort et c'est con. Très con.

Il y a parfois des fils magiques qui vous accompagnent une vie. Il faisait partie de ceux-là. Ce matin c'est injustice, douleur et chagrin dans mon ventre. La formule est galvaudée mais quand elle est juste, il faut l'utiliser : le clown est mort.

Good evening Williams !

Je parlais de fils, je parlais d'une vie. Les hasards de la mienne de vie, de rencontres que j'ai faites, m'ont fait découvrir des facettes du comédien que je n'aurais pas entrevues si j'étais resté sur Mrs. Doubtfire ou Dead Poets Society. Et pourtant avec ces deux gros succès commerciaux, j'avais déjà pu apercevoir deux aspects bien différents de Robin Williams.

Le Cercle des poètes disparus justement. Comme beaucoup je pense, tout commence ici pour moi. C'est l'été 1990 et je le passe à Royan. Je n'avais pas encore vu, ou alors déjà oublié, le touchant, exubérant Good Morning Vietnam. Ma cousine me tanne pour voir Le Cercle des poètes disparus et j'ai le souvenir de rentrer avec elle au Lido dans ce qui me semble être un cinéma posé sur une plage. Magie avant que la séance ne commence.

Et puis voilà quoi, la mort, le romantisme, l'anticonformisme. J'ai treize ans, bientôt quatorze et je suis, forcément, séduit. Par la beauté d'Ethan Hawke que je ne connais pas encore. Et par le lyrisme et le culot, le cynisme, l'insolence intelligente du rôle de Robin Williams.

Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! Notre voyage effroyable est terminé
Le vaisseau a franchi tous les caps, la récompense recherchée est gagnée
Le port est proche, j'entends les cloches, la foule qui exulte,
Pendant que les yeux suivent la quille franche, le vaisseau lugubre et audacieux.

Mais ô cœur ! cœur ! cœur !
Ô les gouttes rouges qui saignent
Sur le pont où gît mon Capitaine,
Étendu, froid et sans vie.

Feuilles d'herbe de Walt Whitman

Good evening Williams !

Malgré Mrs. Doubtfire et Les Aventures du baron de Münchhausen (que je me suis acheté pas plus tard qu'hier, le croyez-vous ?), Robin Williams allait petit à petit sortir de ma vie pour y revenir par une toute petite porte en 1999.

Je rencontre en Irlande un sacré personnage, une bretonne délurée et délirante. Maternelle et maternante. À fond les ballons et faiseuse de crêpes jour et nuit. Une amie que je ne vois malheureusement plus guère mais avec qui je partageais les coups de blues et les coups de cœur cinématographiques. On avait loué la VHS de ce conte new-yorkais et on mangeait des pizzas Domino.

The Fisher King : Le Roi pêcheur est sorti en 1991 mais je ne l'avais pas encore vu. Terry Gilliam (encore lui... je ne le quitte plus depuis quelques mois mais ça c'est une autre histoire) est à la réalisation. Jeff Bridges et Robin Williams sont au sommet. Je vous le recommande et préfère ne rien vous dire de plus. Ah si, on y croise Tom Waits.

J'ai les larmes aux yeux rien qu'à repenser à ce beau film.

Good evening Williams !

Et puis ensuite ce fut le ping-pong habituel.

Harry Nilsson apparaît dans ma vie pour ne plus la quitter. Je découvre alors la folie déglinguée du Popeye de Robert Altman. Puis de là je remonte la pelote pour arriver aux émissions de divertissement américaines du milieu des années soixante-dix. Ses one-man-show, etc...

Mon ami Yann me reparle en 2002 de Good Morning Vietnam que je revois avec des yeux tout neufs (et une paire d'oreilles toute neuve surtout : sa bande-son deviendra la nôtre). D'ailleurs, Yann, et les autres, cliquez sur le lien.

Bonheur. La musique, encore une fois.

Good evening Williams !

J'ai ensuite pu recroiser la folie triste de Robin Williams au hasard des émissions télés, anglaises et américaines. Et je m'étais alors dit qu'il y avait une bonne dose de Michel Serrault chez cet animal, bien plus que de Jim Carrey. On ne savait pas ce qui allait se passer une fois qu'il arrivait, en direct, sur le petit écran.

Good evening Williams !

Curieusement, je suis passé à côté du phénomène Good Will Hunting (qu'il faudra que je revois !) alors que j'ai vu parfois des films parmi les moins glorieux de sa carrière. Oui, il en a fait des merdes aussi. Je vous rassure, je ne suis pas béat ce matin. Juste triste à mourir.

On parle de suicide.

Cela lui va si bien et, oui, c’est affreux et con d'écrire quelque chose comme ça. Mais je ne pense pas être le seul à avoir toujours vu, comme chez Serrault d'ailleurs, une tristesse dans son regard. Bill Murray me touche de la même manière mais Robin Williams avait plus de cartes dans sa manche.

Une folie bouleversante et grave prisonnière d'un corps élastique

Good evening Williams !
Good evening Williams !Good evening Williams !

lEnvie de lui rendre hommage autrement que par des mots. J'aimerais me bourrer la gueule ce soir même si ça se ne dit pas des choses pareilles. Ou alors fumer un gros joint qui me ferait tousser. Je ne sais pas. Je l'aimais bien ce petit bonhomme qui pouvait agacer avec sa tronche de... petit bonhomme.

Merci de m'avoir fait mettre la tête et le cœur à l'envers Adrian Cronauer, King of the Moon, John Keating, Dr. Malcolm Sayer, Parry, Peter Banning et Peter Pan (!), Madame Euphegenia Doubtfire. Robin Williams.

Good evening Williams !