Vous comprendrez mon étonnement lorsque j'ai vu s'afficher ce soir des images d'une presque nonagénaire quand ma "Danièle Delorme à moi", c'est celle-ci.
Il ne faut pas m'en vouloir, je suis né en décembre 1976 mais je me suis arrêté en 1977. Comment s'étonner ensuite de mon côté dilettante ascendant flemmard ?
Il y a quelques semaines, je me suis revu pour la énième fois, ce bijou trop connu pour qu'on ne remarque encore ses qualités et sa profondeur : le diptyque Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis. Si je me rêve en Rochefort, j'ai longtemps été (le suis-je toujours ?) Lucien Raki, le personnage joué par Christophe Bourseiller. Amoureux transi, enfin pas si transi que ça, de Marthe Dorsay. Danièle Delorme.
Je m'en veux de la réduire à ces deux films alors qu'elle a interprété tant de rôles. Plus de cinquante films en soixante ans de carrière. Elle a notamment joué dans Miquette et sa mère (1949) d'Henri-Georges Clouzot, Gigi (1949) de Jacqueline Audry, Voici le temps des assassins (1956) de Julien Duvivier, Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda (1962). Entre autres.
Dans Voici le temps des assassins, elle jouait une femme qui rendait dingue Jean Gabin. Et c'est souvent d'ailleurs, qu'elle jouait des femmes aux airs angéliques avec un fond de machiavélisme. C'était parfois le diable sous la tendresse et la douceur.
Ma courte carrière de comédien avait commencé par une apparition dans un épisode de Madame Le Proviseur (en 1996, l'épisode Attention, peinture fraîche tourné à Grenoble par Jean Marbœuf). Je n'avais malheureusement pas eu l'occasion de croiser Danièle Delorme. L'essentiel de ma scène se réduisait à un huit-clos avec Patrice Melennec. Dommage.
Il faut croire que j'en fus marri et déçu car jamais plus je ne me laissais aller au plaisir du jeu d'acteur malgré de nombreux appels du pied (Lelouch en son temps puis Pierre Salvadori ou encore Wes Anderson plus récemment).
Et puis que dire de ses amours, de son amour ? Yves Robert, un de mes coups de cœur, d'amitié sans vraiment savoir pourquoi (et pourtant... ses films !). Ils s'étaient bien trouvés Danièle Delorme et lui. Ils avaient créé ensemble la maison de production La Guéville, qui a notamment produit La Guerre des boutons et Alexandre le bienheureux. Deux films qui comptent.
La formule est galvaudée, je sais, mais samedi dernier, ces deux-là se sont retrouvés. Au paradis ou ailleurs.