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L'épargnant

L'épargnant

Il est venu quand je ne l'attendais pas.

J'étais les yeux tout agglutinés à mon écran lumineux. Il y avait bien eu quelques rayons de soleil ce matin mais non, mes bêtes globes oculaires préféraient la lueur d'un tableau Excel à celle du jour.

Mais là, je n'ai pas eu le choix.

Cela a commencé par un titillement à l'œil droit. Un cil serait encore tombé de ma paupière ? Après tout c'est l'automne. Il n'y pas que les feuilles qui peuvent tomber. Les poils jalousent.

Non, c'est une fulgurance rousse.

Ma tête se tourne : un écureuil est là. On le connaît bien, il squatte notre jardin et chaque année lui et ses amis nous font un Puy-du-Fou sans distanciation sociale. 

Il me regarde.

C'est la première fois qu'il s'incruste ici : il passe de pot de fleur en jardinière. Il picore je ne sais quoi. Des bouts de pétales séchés.

Il s'arrête et me regarde à nouveau.

Je le regarde. Il tourne la tête. Je me gratte les noisettes. Bref. On se regarde.

Quand je m'apprête à tout laisser tomber, Excel et Jacques Chirac, Balladur et oeuf dur... Il est déjà reparti. Enfui dans un bond en avant qui va se perdre dans le vert d'un buisson qui n'attendait que ça.

L'épargnant

En souvenir de Rocky.