Il y a des professionnels en la matière, ça aussi, c'est d'un triste !
"Nicolas Sarkozy fabrique des sans-papiers, lui qui prétend lutter contre l'immigration clandestine".
La phrase fut inspirée par Eric Besson, nouveau ministre de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale.
L'ex-socialiste, qui a fait allégeance au chef de l'Etat entre les deux tours de la présidentielle de 2007, avait piloté un "livre noir" du sarkozysme pour la campagne électorale alors qu'il était secrétaire national à l'Economie au PS et député de la Drôme.
"Les ruptures tranquilles de M. Sarkozy", paru le 10 janvier 2007, passe au crible les orientations politiques et idéologiques du candidat, notamment les choix en matière d'immigration d'un homme "trop occupé à traquer l'immigré".
L'ouvrage dénonce l'échec et l'incohérence des deux lois décidées par Nicolas Sarkozy alors qu'il était ministre de l'Intérieur et appliquées par le prédécesseur d'Eric Besson, Brice Hortefeux : la loi du 26 novembre 2003 relative à la maîtrise de l'immigration, au séjour des étrangers et à la nationalité, et celle du 24 juillet 2006 sur "l'immigration choisie".
Pour Eric Besson, la première loi représente un double échec au regard de la réforme de la double peine et du contrôle des flux migratoires.
La seconde loi "aboutit surtout à précariser la situation des étrangers installés en France", peut-on lire.
PRÉCARITÉ ET SUSPICION
La relance d'une "immigration professionnelle "participe au pillage des élites des pays en développement", estime-t-il.
S'agissant de l'abrogation de la régularisation de plein droit après dix années de présence en France, ou sur le fondement de la vie privée et familiale, l'ouvrage critique "une mesure totalement inefficace" et "potentiellement dangereuse".
Car "en supprimant ou en restreignant fortement les principaux dispositifs de régularisation, Nicolas Sarkozy se prive des outils permettant une régularisation au fil de l'eau et évitant ainsi les régularisations de masse".
"En d'autres termes, Nicolas Sarkozy fabrique des sans-papiers, lui qui prétend lutter contre l'immigration clandestine".
"Et cela lui donnera alors l'occasion de jouer de nouveau le rôle de l'homme au grand coeur en autorisant, pour des considérations humanitaires, la régularisation des papiers des personnes en situation de grande détresse", poursuit l'ouvrage.
Quant au durcissement des conditions du regroupement familial et des unions mixtes, "il remet en cause le premier vecteur d'intégration sociale que constitue la vie en famille et prend le risque de développer des familles réunies dans l'illégalité et dont les membres ne sont ni régularisables ni expulsables".
Ce texte, conclut l'ouvrage, "officiellement destiné à intégrer les immigrés, les déstabilise en organisant leur précarité, en légitimant la suspicion et en renforçant le durcissement de leurs conditions de régularisation et de leur statut de résident".