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Et la Seine était rouge...

Et la Seine était rouge...

Il y a des anniversaires qu'on n'aimerait ne pas célébrer. Des évènements sombres qui vous pourrissent un mois d'octobre de noir, qui vous repeignent la Seine en rouge.

Le 17 octobre 1961 à Paris. Et cinquante ans plus tard, toujours un silence. Assourdissant.

Ce jour-là, des centaines d’algériens établis à Paris, ont été réprimés et noyés dans les eaux de la Seine, par la police française. Ces manifestants venus exprimer leur indignation par rapport au couvre feu qui leur a été particulièrement imposé, et affirmé leur adhésion à la lutte contre le colonialisme, se heurtaient à la brutalité d’une répression qui restera gravé, à jamais, dans l’histoire de l’humanité.

Les victimes de ce massacre avaient été choisies en fonction de critères racistes, en l'occurrence l'apparence physique, le faciès. Ce crime commis par la police française sous la tutelle de Maurice Papon n'a jamais été officiellement reconnu par le Sénat et l'Assemblée nationale.

 

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Le film Octobre à Paris est un documentaire noir et blanc de Jacques Panigel, réalisé en 1961, interdit à sa sortie en 1962. Au cinéma, pour la première fois, en France le 19 octobre 2011. Rendez vous compte, en 2011 on commence seulement à ouvrir les yeux !

Et cette année, l'Algérie demande des excuses. Alors que le FLN réclame, cette année encore, des excuses officielles de la France, la reconnaissance nationale se fait toujours attendre.

Comment s'excuser après un tel mensonge d’Etat ? Mensonges au pluriel ! Sur le bilan, d’à peine 10 morts, et surtout sur les faits : la police aurait été attaquée et aurait réagi en état de légitime défense (Un seul policier parisien manquera à l’appel de service, le lendemain !). La volonté d’occultation est tellement forte que le gouvernement de Michel Debré s’opposera à toute investigation. « L’astuce consistera, à la veille de la discussion au Sénat, fin octobre, sur l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire, à déposer des dizaines de plaintes qui déclencheront autant d’informations judiciaires, raconte encore Jean-Luc Einaudi (chercheur et auteur de « La Bataille de Paris : 17 octobre 1961 », Seuil 1991, réédité en poche en 2001 ; « Octobre 1961. Un massacre à Paris », Fayard 2001, nouvelle édition actualisée et augmentée Hachette, coll Pluriel, 2011). Et comme la loi interdit d’enquêter sur des affaires confiées à la justice, il n’y aura aucune recherche indépendante. Et bien sûr, toutes ces procédures se concluront, en 1962, par des non-lieux ».

17 octobre 1961

 

 

Un nouveau film, de Yasmina Adi, tente de témoigner : Ici on noie les Algériens.

 

 

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« Il ne s'agit pas ici de pitié, mais de toute autre chose. Il n'y a pas de spectacle plus abject que celui d'hommes ramenés au-dessous de la condition d'hommes » 

Albert Camus