À ne pas rater, ce soir, diffusion à 20h50 sur CANAL + du documentaire "L’immigration aux frontières du droit" de Manon Loizeau.
Manon Loizeau, grand reporter et réalisatrice, a enquêté plus d'une année sur la situation des étrangers en France. Le film suit pendant 90 minutes trois situations illustrant chacune avec leur singularité "l'absurdité d'un système et ses conséquences humaines dramatiques ". (Hindi Saih, productrice du film).
Villienne Luma , mère de quatre enfants, affronte directement Eric Besson en mai 2010 pour lui arracher le droit de faire venir d'Haïti son fils majeur, Wilki. A Lyon, des écoles, des parents , et tout un réseau de soutiens parviennent à stopper les quatre tentatives d'expulsion de Guilherme, père angolais , et à obtenir des papiers pour Halima , mère de Kaffia, collégienne. Pas de happy end, par contre, pour Ardi, jeune kosovar polyhandycapé, arraché à l'équipe qui le soignait et expulsé avec toute sa famille au Kosovon en mai 2010. Depuis son état ne cesse de se dégrader, ses semaines sont comptées. Droit dans ses bottes, le représentant de l'état campe sur ses mensonges : Ardi peut être soigné sur place. Poids des mots, choc des images. Manon Loizau interroge tous les protagonistes, Eric Besson, les représentants des préfectures, RESF. Au total, la peinture juste de situations inhumaines, conséquences délibérées d'une politique inhumaine.
En France, depuis 2003, de nouvelles directives ont introduit la notion de "quotas d'expulsions" à remplir chaque année. Ces objectifs, chiffrés pour la première fois dans l'Histoire, suscitent de violentes critiques. Les opérations d'expulsion parfois jusque dans des écoles ont peu à peu conduit des citoyens à basculer dans la désobéissance civile contre ce qu'ils appellent "la politique du chiffre". Nous suivons des cas emblématiques de sans-papiers pris dans les rouages administratifs et judiciaires vers une régularisation, seul synonyme de tranquillité et de retour à une vie normale. Guilherme, Viliène et Ardi sont soutenus par des parents d'élèves, des professeurs ou encore le corps médical d'un centre de soins en Lorraine. Des femmes et des hommes qui nesont ni militants, ni politisés, mais qui un jour ont été touchés par l'arrestation d'un père conduisant ses enfants à l'école, d'un voisin, par l'exclusion d'un enfant malade.
Le film établit un fil narratif à deux voix. Celle de la société civile entrée en résistance face à la politique des quotas, mais aussi la voix de ceux chargés de faire respecter la loi. Au-delà des considérations militantes, le film met au jour les rouages de la politique d'immigration en France et en questionne les cadres légaux. Cette frénésie du chiffre est-elle vraiment une solution au problème de l'immigration ? Est-elle applicable sans conduire à des dérives ?