Oui. Encore un article au sujet du fantastique mouvement de libération, route vers la démocratie en Égypte. On l'espère toutes et tous. Pourquoi soulignerais-je l'adjectif fantastique alors que le sang n'a jamais coulé si abondamment que depuis une trentaine d'heures ? Parce qu'à chaque fois que je lis ou entends l'expression "les pro-Moubarak contre les anti-Moubarak".
Bien sûr que je n'ai aucune preuve de ce que j'avance. Mais il semblerait tout de même bien que les milliers de personnes défilant et agressant les manifestants de la place Tahrir soient malheureusement des recrues. Dans le sens de recruté(e)s. Policiers en civil, famille de policier. Encore ce témoignage lu, ce matin. Il s'agit d'un e-mail envoyé par un internaute à la BBC : "Ma fille est mariée à un Egyptien, d'Alexandrie. Elle dit que l'oncle de son mari a reçu l'ordre d'aller manifester, sous peine de ne pas être payé.". Je vous laisse bien sûr décider par vous-mêmes.
Infographie du New York Tmes.
Les éléments suivants sont annoncés au moment où j'écris ces lignes. Ils seront sans nul doute déterminante dans les jours à venir.
Sur le site du Guardian : un général en retraite de l'armée égyptienne affirme à la BBC que l'armée est prête à faire feu sur les partisans de Moubarak s'ils attaquent les manifestants sur la place Tahrir. Pour lui, l'armée pourrait se retourner contre le président Moubarak dès vendredi.
L'agence Reuters indique que, selon des témoins, "l'armée égyptienne s'interpose entre partisans et adversaires de Moubarak après les affrontements du Caire". Le gouvernement égyptien va-t-il enfin prendre des mesures pour identifier les responsables des violences ? C'est ce que semble annoncer un porte-parole interrogé par Reuters.
A noter que plusieurs journalistes ont été attaqués cette nuit. L'Union européenne appelle à traduire les responsables des violences au Caire en justice.
Parallèlement à ces événements, le vice-président égyptien Omar Souleiman a commencé le "dialogue" avec "les partis politiques et les forces nationales", a annoncé la télévision publique dans un bandeau.
Les manifestants affirment détenir 120 policiers en civil qui ont participé aux attaques sur la place Tahrir.
Selon les organisateurs de la manifestation il s'agit de membres de la police ou du parti au pouvoir pris pour la plupart alors qu'ils s'attaquaient aux contestataires. Les manifestants ont remis les personnes capturées à l'armée, a-t-il ajouté. L'armée va-t-elle réellement défendre les manifestants pour le démocratie ?
Le gouvernement nie être derrière les contre-manifestants : un porte-parole du cabinet égyptien affirme "accuser la gouvernement de mobiliser est une fiction. Cela irait contre notre objectif de restaurer le calme. Nous sommes surpris par ces actions".