Oui, même ici (Berlin), je vous emmerde avec cette stupide histoire du 21 décembre 2012. Enfin c'est juste une excuse pour évoquer avec vous mes fins du monde, nos fins du monde.
Un peu à l'inverse du slogan pour une eau minérale : "Un être s'éteint, des souvenirs s'éveillent". Je n'ai que trente-six ans (pardon : trente-cinq) et j'ai déjà quelques fins du monde à mon actif. Et comme le cerveau humain est bien foutu, chacune d'entre elle laisse comme une trace de comète. Un souvenir pour ceux qui survivent.
Alors il y a les fins du monde en fin de course. Les fins du monde surprise. Les fins du monde en pyjama. Les fins du monde sous-marines et celles en boule de feu. Les fins du monde en fin de couloir. D'hôpital. Les fins du monde pas fines du tout. Et celles qui délivrent. Les fins du monde immondes. Les fins du monde qui font pleurer. Et celles qui font danser.
J'en ai connu une en été et en enfance. Une autre au printemps. Et puis j'en ai croisées quelques autres au gré du temps et du vent qui souffle toujours dans le même sens. On a tous en nous une fin du monde qui détonera et laissera les autres, compagnons de planète, les bras ballants et survivants.
Si ma fin du monde à moi arrivait et que je le savais, je danserais une bouteille de whiskey à la main. Ou d'eau. Ou de jus de kiwi. Enfin qu'importe le flacon, je crois que ça ne serait pas beau à voir. Je m'imagine dansant sur une jambe seulement (la plus longue). À cloche-pied, le dos courbé, la tête parfois en l'air. Et puis, souvent, le regard posé vers le sol rebondi. Je danse, danse, danse. Grotesque et amnésique, j'oublie ma fin du monde.
Et si je vis encore... alors je danse encore !
Enfin vous voyez, pour finir je fais exactement ce que je reproche aux autres. Pardonnez-moi.
On parle plus de la fin du monde que de la faim dans le monde, non ?
Allez, je vais me coucher, j'ai une faim de loup de fin du monde moi. Et qui dort, (dan)dine.