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Pense à moi de temps en temps

Pense à moi de temps en temps

Aujourd'hui, 26 octobre, sera annoncée la ressortie des mythiques compilations Rouge et Bleue sorties en 1973, complétées par plusieurs titres.

Je me souviens de les avoir découvertes, en vinyl, à Beauregard, chez Paul et Janine. De parcourir la grande photo en noir et blanc à l'intérieur et d'essayer de retrouver chacun des Beatles "cachés" au milieu de la petite foule.

Et puis aussi, de ne pas comprendre comment ils avaient pris ces deux photos de chacune des pochettes. Ils sont à chaque fois accoudés à la même rambarde dans la cage d'un escalier. Mais sur l'une, ils sont tout jeunes, sur l'autre on dirait des druides avec leurs barbes, moustaches et cheveux longs. Je viens de faire part à Elisabeth de cette énigme, elle est arrivée à la même conclusion que moi à l'époque : ils ont pris la photo avec leur dégaine de hippies et se sont rasés ensuite pour prendre l'autre photo.
Je ne le savais pas encore mais ces "vieux chevelus" (sur la compilation "Bleue") avait entre 27 et 29 ans pour le plus âgé.

Maquette des pochettes
Maquette des pochettes

Maquette des pochettes

Cerise sur le gâteau pour cette réédition augmentée en 2023 : une nouvelle chanson. La dernière du groupe, disent-ils.

Pense à moi de temps en temps

Un peu comme dans les années quatre-vingt-dix quand sortaient à la pelle des best-of avec un autocollant impossible à décoller du boitier du cd : Inclus le nouveau titre inédit....


Véritable prouesse technologique, comme on dit, puisque les enregistrements qui composent Now And Then ont eu lieu en 1978, 1995 et 2022. Pas impossible que n'y soient présents également des sons provenant de sessions Beatles de 1969.

Au départ, c'est une maquette enregistrée à la maison par John Lennon en 1978. Piano, voix, un horrible bourdonnement en fond sonore, la télé qu'il avait laissée en marche.


Considérée en 1994 et 1995 comme possible maquette pour un nouveau titre, elle sera finalement abandonnée après quelques essais. Ils préfèreront sortir Free As A Bird et Real Love à la place.

 

Grâce aux techniques de travail sonore de l'équipe de Peter Jackson entre autre (merci l'intelligence artificielle !), les sons peuvent à présent être complètement ou presque séparés. La voix. Le piano... Et ce bourdonnement.

Hâte d'entendre ce qu'ils vont en faire.

La chanson, la maquette, est emplie de tristesse. Par endroits elle se traîne et a vraiment du mal à décoller. Si ce n'est à certains moments furtifs. Certains fans semblent apprécier le falsetto sur "I don't want to lose you, oh no, no, no, sweet darling...". Moi je vibre plus lors du "Now and then, I miss you...". Ode au temps qui passe ?

Voilà un extrait, je vous épargne la maquette entière, de la complainte d'un Lennon en télétravail en 1978.

Post-scriptum poignant.

Depuis quelques années, le touche à tout Paul McCartney semble apporter une attention particulière à quelque chose qu'il n'avait jamais vraiment fait dans sa vie : regarder en arrière.

Bon il a eu l'occasion de le faire déjà mais depuis environ cinq ans, on voit bien qu'il souhaite mettre certaines choses en ordre avant le grand départ vers Pepperland. Régler des détails, ranger les choses. Et depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, comme une marotte, il commente régulièrement cette maquette inachevée de Lennon. "George avait dit, non, c'est peut-être John mais c'est de la merde… Un jour Ringo et moi on va la piquer et la retravailler !".

Parole tenue donc.

Une des raisons qui a pu toucher au plus profond l'ami Paulo, c'est son titre supposé (Now And Then) et le thème de la chanson. Cette anecdote m'a toujours fait craquer, la voici.

Remontons à 1981, John Lennon est mort il y a moins de deux mois, la douleur est encore vive. Paul invite la légende du rock and roll Carl Perkins à participer à l'enregistrement de son futur album (Tug Of War sortira en avril 1982). Ils sont sur l'île de Montserrat dans les Caraïbes, dans le studio de George Martin. Perkins y reste huit jours et quelque chose se passe la veille de son départ. Il raconte :

La veille de mon départ, je cherchais les mots pour remercier Paul de m'avoir si bien accueilli. Alors j'ai écrit quelque chose et puis j'ai mis un petit air dessus, c'est devenu une chanson quoi. J'ai appelé ça My Old Friend et je la lui ai chantée le lendemain matin. Et bien, j'ai dû annuler mon vol retour pour rester un jour de plus, car Paul m'a dit : "C'est une chanson que nous devons enregistrer immédiatement". Linda McCartney m'a ensuite pris à part : "Il ne pleure pas beaucoup, mais tu l'as touché avec cette chanson. Il est en larmes depuis ce matin.".

Au milieu de la chanson, après avoir chanté "si nous ne nous revoyons jamais de ce côté-ci de la vie, dans quelque temps, là-bas, où il y a la paix et la tranquillité, mon vieil ami, ne penseras-tu pas à moi de temps en temps ?", des larmes s'étaient mise à couler sur le visage de Paul qui s'était levé et était sorti.

Linda lui explique. La dernière fois que Paul a parlé à John c'était par téléphone. Et à la fin de l'appel, juste avant de raccrocher, John lui a dit la même chose : "Pense à moi de temps en temps, mon vieil ami". “Think about me every now and then, my old friend.”

Alors vous comprendrez, à 15h aujourd'hui ou bien vendredi 3 novembre, on ne sait pas encore trop quand... Quand la dernière chanson des Beatles sortira, elle sera peut-être lourdaude, lente. Elle se fera dans tous les cas très certainement démonter car on aime bien cracher sur tout ("ils font ça pour l'argent", je me marre).

Moi je vais me la prendre dans la gueule et le cœur. Pour des raisons évidentes mais aussi à cause de cette petite anecdote que je viens de vous confier. Entre la mer des Caraïbes et celle d'Irlande.

 

Pour conclure, voici la version finale de "My Old Friend" de Carl Perkins. Carl chante et joue deux parties de guitare, Paul joue de l'orgue, de la guitare rythmique, de la batterie et de la basse. Il y a rajouté des chœurs une fois rentré à Londres mais le morceau avait été enregistré en une heure.