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Et le tropicália s'en va... Gal Costa

Et le tropicália s'en va... Gal Costa

Et le tropicália s'en va... Gal Costa

C'est quasiment au même moment que cela se passe. Après avoir posé l'aiguille sur la galette d'un sombre infini on se rend immédiatement compte que quelque chose cloche.
La voix est magnifique, bientôt une ambiance bossa, le chant de Gal Costa allait devenir synonyme de ces années-la. Nous sommes en 1969, son premier véritable album en solo s'appelle tout simplement Gal Costa (cliquez pour l'écouter sur YouTube).

Très vite on entend des dissonances. Sur ce premier morceau ce sont les violons qui font leur vie. Tourmentée leur vie. Le tropicália (tropicalisme), dont elle allait devenir l'égérie, est passé par là.

Plus loin sur l'album, malgré le soleil et les chaloupements, on entendra des cuivres, parfois des cordes, souvent des guitares, parfois de la basse, fuzz, qui viennent teinter d'un malaise chacune des chansons. À certains moments ce sont des bruits étranges, un instrument à vent ? Presque. C'est la voix de Gal qui en joue comme on écorcherait un chaton.

Elle a illuminé d’une voix suave les heures sombres de la dictature, exorcisé sa colère dans le psychédélisme le plus sauvage, donné son nom aux dunes hippies d’Ipanema et nargué les puritains en posant en bikini amazonien en 1973 sur la pochette de l’album Índia (cliquez pour l'écouter sur YouTube). Pochette qui fut interdite par le gouvernement militaire brésilien à l'époque et visuel qu'elle ne révèlera qu'en 2015 sur son compte Instagram en écrivant : "Pour notre plus grand plaisir, y compris le mien".

 

Les belles âmes meurent aussi de l'autre côté de l'Atlantique et hier Gal s'est endormie à São Paulo.

À l'âge de 10 ans, Gal s'était liée d'amitié avec deux sœurs, Sandra et Andréia Gadelha. Ce seront les futures épouses des auteurs-compositeurs Gilberto Gil et Caetano Veloso, respectivement. Cela fait des années que je veux vous parler de Caetano Veloso mais je ne le fais jamais. Entre-temps j'ai eu la chance de l'approcher lors d'un concert à Berlin en juin 2019. Une amitié profonde unira ces deux-là, dans la vie et sur disques.

Leur album Domingo (cliquez pour l'écouter sur YouTube), qui lancera la carrière de Gal Costa, est un album essentiel, parmi tant, de l'année 1967.

À 14 ans, Gal écoute pour la première fois Chega de Saudade de João Gilberto à la radio et s'intéresse à la bossa nova. Elle a ensuite travaillé comme employée dans le principal magasin de disques de Salvador pour se rapprocher de la musique. À 18 ans, elle est présentée à Caetano Veloso par Andréa Gadelha et devient son amie.

La suite, à vous de la découvrir en musique ici ou là. Tout en bas de ce texte, vous trouverez une compilation disponible sur Spotify.

Un film, Meu nome é Gal, a été tourné cette année avec l'actrice germano-brésilienne Sophie Charlotte dans le rôle titre. Il sortira l'année prochaine au Brésil. J'espère qu'il lui rendra honneur en remettant au devant de la scène, sa musique, ses combats, ses douleurs, ses amours (Gal était bisexuelle). Ses chansons. 

L'hommage du Président Lula:

Gal Costa était l'une des plus grandes chanteuses du monde, l'une de nos principales artistes à avoir porté le nom et les sons du Brésil sur la planète entière. Son talent, sa technique et son audace ont enrichi et renouvelé notre culture, façonné et marqué la vie de millions de Brésiliens.

 

Et le tropicália s'en va... Gal Costa