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Les cheveux longs de 1974

Les cheveux longs de 1974

Au moment où j'écris ces lignes, nous sommes encore, pour moins d'une heure, le 6 juillet.

Le 6 juillet, je fais mon sac pour partir en Savoie. Cette activité ne faisant pas partie de mes passe-temps favoris, il est possible que je ne boucle la valise que le 7 juillet. Tant pis.

Quelle belle journée nous avons eue. On a commencé par une baignade matinale puis un petit déjeuner / déjeuner avec une amie et re-baignade puis sieste et enfin baignade du soir. Espoir.

Les cheveux longs de 1974Les cheveux longs de 1974
Les cheveux longs de 1974Les cheveux longs de 1974Les cheveux longs de 1974

Le 6 juillet 1974, c'était il y a quarante ans et quelques heures aujourd'hui.

Quelque part en Savoie, dans un petit village qui n'était pas encore perdu dans le 21ème siècle du repli géologique ou idéologique, des enfants et jeunes adultes aux cheveux longs avaient envahi le terrain en pente au-dessus de la maison de Beauregard. On y parle encore de Woodtstock d'Aiton.

Deux amoureux s'épousaient et des dizaines de babas, hippies des routes de province, se rejoignaient autour d'eux. Il faisait chaud. Un 6 juillet, tu parles. Le réchauffement climatique n'existait que dans les pages d'Asimov et les ordinateurs n'allaient vraiment naître qu'en janvier 1975 avec l'Altair 8800 du jeune Bill Gates.

Il y avait, parmi les copains, un dénommé Savate, appelé ainsi car personne ne l'avait jamais vu sans ses espadrilles qui sentaient autant qu'un mai 68 laissé six ans dans un placard.

Et puis il y avait la mariée, la plus belle.

Les cheveux longs de 1974

J'avais déjà évoqué ici les têtes se levant, les mentons faisant pareil. Les regards interrogateurs et les oreilles sollicitées. La petite foule vient de rentrer dans l'église (sauf Savate qui attend dehors) et des chants d'oiseaux retentissent. Mais où sont-ils les piafs ?

Nulle part et partout. Ils sont gravés sur un morceau de vinyl noir, fabriqué à Hayes, dans le Middlesex.

Retour en 2014, les cheveux sont plus courts, bien plus courts.

Les mariés le sont encore, pour leur éternité. Ils ont laissé deux grosses poussières sur la planète, preuve, s'il en est, de leur escapade au paradis. Aujourd'hui, à la mi-journée, sur les bords de la Spree à Berlin, j'ai dégoté l'inhabituel : de la Chartreuse Verte. Ni une, ni deux, je commande trois verres pour notre amie et nous. L'impression idiote de me rapprocher de mes parents en buvant ce breuvage voironnais.

Chin-chin, santé bonheur. Slaínte et Prost. Vive les mariés de l'an 1974 !

Les cheveux longs de 1974

Ce soir j'entends encore les oiseaux de More.

Quarante ans et des poussières. Il est minuit. Quarante ans et un jour. Et des cuicui. Et de l'amour qui revient encore et toujours. Comme les petites vagues du Müggelsee ce soir.